Al Manara : un phare dans cette nuit d’effroi

IMG_7307Samedi 14 novembre 2015. Je suis allée au spectacle.

Pas pour résister face aux terroristes mais parce que c’était prévu de longue date et puis parce que c’était adapté à l’humeur du jour : vivre ensemble au delà des frontières et des cultures.

Pourtant, il faisait un froid qui me glaçait les os et me serrait le coeur, un mélange d’effroi, de fatigue et de température de saison. Il faisait noir, la nuit ne m’a jamais semblé aussi sombre et hostile. Ma copine m’avait laissé tomber, tout était réuni pour que je renonce à affronter le monde. J’y suis quand même allée, parce que je l’avais prévu (et sûrement pour d’autres raisons mais je ne saurais pas les dire).

Quand Lille, Tourcoing et d’autres villes françaises annulent tous les spectacles, à Tournai, la vie continue, le spectacle aura lieu (sans mesures de sécurité supplémentaires apparentes). Et c’est bien comme ça.

Des discours je ne retiendrai que le mot d’Eloi Baudimont sur les attentats du vendredi 13 : fraternité.

Al Manara : un phare belgo-palestinien

Al Manara c’est l’histoire d’une rencontre entre deux musiciens un belge et un palestinien grâce à leurs marraines les fées.

Les fées ce sont la ville de Tournai et sa créativité artistique jamais démentie qui ont créé un festival philosophie et musique « Les Rencontres Inattendues » qui aime provoquer des rencontres entre musiciens et avec des philosophes. C’est aussi Edgar Morin qui était partie prenante dans la première d’Al Manara.

Le belge, c’est Eloi Baudimont, génial musicien qui est toujours prêt à se lancer dans des aventures improbables et extraordinaires.

Le palestinien, c’est Ramzi Aburedwan. Ce petit palestinien qui a participé à l’intifada et qui courrait très vite pour échapper aux autorités. Il aurait pu devenir un terroriste, il a croisé la musique qui est devenu son arme.

Cela a pris la forme d’un orchestre mêlant musiciens belges et palestiniens, instruments européens et orientaux, langue arabe et langue française, soprano française et chanteur palestinien, compositions de Ramzi Aburedwan et réponses d’Eloi Baudimont. Tout cela sur des textes de Mahmoud Darwich.

C’est magique, c’est poétique, on passe d’une musique à l’autre – d’une culture à l’autre – sans s’en rendre compte.

Une soirée pas comme les autres

Ce concert était aussi particulier : gratuit, il voulait être un lieu pour se faire rencontrer tournaisiens et réfugiés.

Il faut que je vous dise que, à Tournai, on accueille les réfugiés. Pas dans des palais, ni même des HLM mais dans une caserne désaffectée où sont réunis trop de réfugiés par rapport à la capacité mais ils ont au moins un toit même s’il n’est pas parfait.

Ainsi belges sont assis à côté des réfugiés, essayent de communiquer malgré la barrière de la langue, tout ça dans la bonne humeur caractéristique de ce pays que j’aime tant.

Pendant tout ce spectacle passant du français à l’arabe, on a entendu la salle réagir à des moments différents que ce soit par rapport aux mots ou à la musique. Voir les sourire, les gens qui tapent dans leurs mains et qui chantent. Partager ce moment merveilleux…

Il y avait un pot à la fin mais là je dois dire que ça a été au dessus de mes forces mais cela a sûrement été un autre moment d’échange.

Je suis arrivée glacée, ce moment m’a réchauffée même s’il n’a pas réussi à effacer les visages de tous ces enfants que leurs proches ont recherchés pendant des heures sur les réseaux sociaux.

Vous pouvez les voir s’ils passent à côté de chez vous, acheter le coffret DVD CD, ou pourquoi pas les programmer.

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La seconde vie du Familistère

Le Familistère, ce n’est pas l’histoire de supérettes mais l’histoire d’une utopie qui est née et qui a vécu dans la ville de Guise (prononcez « GU-ISE », moi je ne m’y fais pas).

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L’histoire du Familistère

Cette histoire commence en 1858 et termine en 1968 avant sa résurrection au 21ème siècle.

La machine à habiter ensembleEn 1858, Jean-Baptiste André Godin (oui, oui, le fameux poêle en céramique de nos grands-mères) construit une usine et un Familistère dont l’objectif était de mettre la richesse au service du peuple. Les deux règles sont : la mise en commun et la libération de l’ouvrier. Pour atteindre son objectif, Godin créera des logements hygiéniques (avec piscine et bains pour les Familistériens), des écoles (obligatoires jusqu’à 13 ans), des pouponnières, un théatre. Il créera dès 1880, l’association coopérative du capital et du travail où chaque ouvrier (homme et femme) aura un droit de vote égal.

Si le Familistère s’inspire du phalanstère de Charles Fourier, comme son nom l’indique, il met la famille au coeur du dispositif.

Cette association existera jusqu’en 1968 par un curieux pied de nez de l’histoire : les difficultés financières de l’entreprise ne permettant plus de maintenir le Familistère et sa qualité de vie.

La renaissance du Familistère

Si l’entreprise continua sa vie (cahotique), le Familistère après des années de décrépitude a été racheté en 1998 par le Conseil Général de l’Aisne dans le cadre du projet « Utopia ». L’objectif du programme étant de restaurer les lieux mais aussi d’y créer un espace racontant et valorisant cette expérience sociale unique.

Et là, pari réussi : un lieu vivant, un accueil chaleureux, un guide passionnant et drôle, une muséographie créative sans être clinquante mais toujours pertinente.  Vous trouverez en vrac (chacun faisant sa visite dans le sens qui lui convient) une mise en scène des appartements en fonction de chaque période, une coupe verticale du bâtiment pour comprendre l’importance des aérations et des caves, des cartels instructifs présentant des phrases clés de la philosophie de Godin, l’histoire de l’entreprise, une télévision vintage avec des témoignages de Familistériens… Pas vu de dispositif audiovisuel mais ça ne m’a pas manqué. Le Familistère réussit le tour de force de nous faire ressentir l’esprit de Jean-Baptiste Godin.

Ce que j’ai aimé : la manière de faire revivre un lieu et surtout de le rendre accessible au public (un des points qui m’a le plus déçu pour la Villa Cavrois). Je suis habituée des lieux culturels (et connaissait déjà en partie l’histoire du Familistère grâce à mes lectures et à ma précédente visite), j’ai adoré et j’ai hâte d’y revenir, mais ma copine est tout le contraire a aussi aimé.

Nous y avons seulement passé 3 heures sans profiter des extérieurs pour cause de pluie, nous aurions pu y passer une journée entière (bonne nouvelle : d’ici 2016, un des bâtiment du Familistère devrait être rénové en hôtel).

 

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Le Familistère c’est à Guise dans l’Aisne, leur site est assez complet (mais pas très clair).

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My day in Mons – Partie 2 : la ville, Mons 2015 et le Doudou

Et puis quitte à Exposition Boltanski au grand Hornu autant pousser jusqu’à Mons. En plus, c’est Mons 2015, Mons capitale européenne de la culture.

Mons 2015

Mons 2015Il faut avouer que nous n’avons pas été aidés : météo pas top. Et encore estimons nous heureux, nous avons eu une petite pluie fine et pas la drache du Nord. La ville est jolie, le parcours proposé pour découvrir les oeuvres d’art disséminées dans la cité permet de la découvrir mais là grosse déception : la demi douzaine d’oeuvres que nous avons trouvées ne nous ont pas convaincues à part peut être ces décorations des fenêtres dans la rue de la Coupe. Et puis il pleuvait…

Le Doudou

Dragon au musée du Doudou - MonsAlors, nous sommes allés voir le musée du Doudou. Le Doudou, c’est la Ducasse de Mons, la grande fête. Le héros de la fête n’est pas un géant mais un dragon, le doudou, que doit combattre Saint-Georges. Bon là je simplifie beaucoup parce qu’il y a aussi un carrosse d’or qui promène Sainte Waudru dans la ville (il y a aussi une histoire de carottes et de petits pois dans la chanson du Doudou mais ça je n’ai toujours pas compris, si quelqu’un a une idée, ça m’intéresse). Musée très bien fait qui passe de la tradition à la mythologie des dragons dans le monde. Je dois avouer que, entre les récits que j’en ai eu et les vidéos du musée, je pense que je préfère avoir visité le musée plutôt que me retrouver dans cette foule folle. Une chouette découverte… je n’ai plus qu’à apprendre les paroles pour le concert de fin juin 😉

 

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My day in Mons – Partie 1 : Boltanski

Boites de BoltanskiJ’habite à Lille… enfin à peu près… pas loin. A Baisieux, près de la frontière belge. Mons est à à peine 40 minutes de chez moi… je n’étais jamais allée plus loin que le Mac (Musée d’Art Contemporain) du Hornu. Jamais jusqu’à la ville. Jusqu’à samedi dernier.

L’exposition Christian Boltanski du Mac du Hornu

C’était pas gagné : l’art contemporain et moi ça fait deux. J’ai toujours du mal avec cet art qui a besoin d’explications pour être apprécié. J’étais déjà allée visiter le Musée du Hornu : j’avais trouvé le site magnifique mais les oeuvres m’avaient laissée froide. J’avais aussi vu des oeuvres de Boltanski (jamais d’installation, j’ai raté l’exposition du grand Palais) mais sans être plus impressionnée que ça. Bon mais je suis curieuse de nature et c’est quand même ouillon de ne pas faire 40 mn de route pour aller voir une exposition d’un artiste aussi renommé. Let’s go.

Le lieu est toujours aussi magnifique : cet ancien complexe industriel a été intelligemment rénové laissant entrevoir les traces du passés comme ce calvaire faisant face à l’entrée des ouvriers ou cette oeuvre d’art dans les jardins mêlant pierres et arbres. Nous sommes dans le Borinage, dans les mines.

L’exposition de Christian Boltanski commence par une longue explication… comme prévu. Ca ne me rassure pas. Pourtant la première salle est très émouvante avec ses boites rouillées comme un dossier pour chaque ouvrier du Borinage (vous pouvez obtenir les tirages des photos à la boutique.

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Puis votre parcours continue et c’est vraiment le parcours qui changera mon point de vue sur cette oeuvre. Après un périple décousu pour trouver les accès, le vestiaire pour déposer le sac à dos, la pièce de un euro pour le vestiaire… Passage dans des pièces qui m’ont moins impressionnées remplies de silhouettes de gens comme des fantômes (et de photographes du samedi encombrants les passages de leur trépied et empêchant de visiter tranquillement). Le plus vain étant cet escalier avec des compteurs détaillant  » chaque seconde de la vie de 29 individus » (là je vous lis la brochure) : c’est le coté qui m’insupporte de l’art contemporain, le machin où l’on est obligé de lire la brochure pour comprendre et apprécier. Passons… dans une autre salle…

Boltanski Mons

Si vous cherchez bien, vous y trouverez peut-être un Saint Suaire étonnant.

Et puis, il y a la salle qui donne son nom à l’exposition « la salle des pendus ». Trop simple, j’ai déjà vu et fait des photos : c’est la salle où les mineurs déposaient et pendaient leurs vêtements qui flottaient comme des corps.

salle des pendus minesalle des pendus Boltanski

Et puis, vous rentrez dans l’oeuvre comme Alice au Pays des Merveilles. Dans ces habits noirs jusqu’au terril de vêtements noirs rappelant inexorablement la shoah et les mineurs ayant laissés leur vie pour cet or noir. Une grande émotion  pour cette oeuvre qui reprend les éléments du travail de Boltanski (le terril de vêtements était déjà présent dans l’exposition Monumenta au Grand Palais, les boites et éclairages sont des grands classiques de l’artiste) et s’adapte au lieu avec maestria.

La suite de my day in Mons c’est par là.

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Un canard au musée

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J’aime toutes les initiatives qui ouvrent les portes de la culture : des musées, de l’opéra, du théatre, de la musique classique, de la danse… J’aime le Louvre Lens parce que tout le monde y trouve un intérêt, du jeune au vieux ; j’ai aimé les détournement d’oeuvres par Délitmaille parce que la visite du Musée de la Piscine se transformait en jeu de piste pour trouver les gens en laine.

 

 

 

L’opération Open Museum Donald du Musée des Beaux Arts de Lille est du même ordre.

La première saison d’Open Museum était du groupe Air : je ne vais pas vous surprendre en vous disant que je n’y suis pas allée, pas sensible à cette musique. Mais ce n’est pas très grave, l’objectif (atteint) du musée était de faire venir un nouveau public dans ses murs; les habitués des musées n’étaient pas visés, eux ils viendront à l’occasion d’une expo ou d’une autre.

La deuxième saison d’Open Museum est dédiée à Donald… oui, oui, le Donald de Disney (ou plutôt de Carl Barks).

Je suis tentée… Cela correspond à l’ouverture des musées que j’aime… J’ai travaillé chez Disney (et fait une exposition Mickey dans toutes les FNAC de France) donc il m’en restera toujours quelque chose en plus des planches que j’ai conservées. Donc, je suis tentée…

Mais…

L’affiche est moche (désolée mais oui c’est moche) et du coup grosse peur de tomber sur une caricature commerciale.

Bon mais on va quand même y aller… ben oui quand même mais emmenant tous mes doutes dans cette visite.

IMG_5605Et là, agréables surprises :

  • le musée n’a pas oublié d’exposer des planches originales du Journal de Mickey et de Topolino (dont une de Carl Barks)
  • des espaces vidéos avec des dessins animés pour les petits mais aussi pour les grands
  • les oeuvres sont de bonne facture (même si je trouve que certaines sont un peu paresseuses) et l’on constate rapidement que ce sont de « vrais » artistes qui les ont faites et que ce n’est pas seulement un détournement potache. Elles s’intègrent si bien dans l’accrochage du musée que, même si l’on est là pour ça, on se laisse surprendre part une oeuvre détournée.
  • les cartels (dont les fautes d’orthographes ont été corrigées par le Musée après mon passage et mes commentaires sur Twitter Merci :-)) sont très bien faits mêlant à la fois les personnages de Disney et des indications sur l’oeuvre originale.
  • un dispositif qui incite à (re) visiter le musée pour chercher les Donald et Picsou disséminés dans les collections.

On félicitera pour cela Bruno Girveau, directeur du Musée qui était déjà le concepteur de la superbe exposition « il était une fois Disney »  au Grand Palais en 2006 et toute l’équipe qui réussit depuis quelques années à dépoussiérer l’image du Musée des Beaux Arts de Lille.

J’ai visité trop vite car en cours de journée alors que le travail m’attendait mais je reviendrai.

Informations pratiques : si vous arrivez après 16h30 en semaine, l’entrée est moins chère et le musée est gratuit chaque premier dimanche du mois.

PS : je sais, le titre n’est pas bon pour le référencement mais c’est celui que je voulais

 

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Du rêve que fut ma vie

Exposition Camille Claudel 1984

Exposition Camille Claudel 1984

Vous n’êtes pas sans savoir que j’aime les musées et les expositions, que j’ai eu le coup de foudre pour Camille Claudel bien avant qu’elle fut à la mode. Petite, j’avais une affiche d’un exposition  de Camille Claudel à côté du poster de Gérard Philipe (je viens de vérifier, l’expo date de 1984 : mais où l’avais-je dénichée ? De mon premier voyage à Paris ?). Etudiante à Paris, je passais beaucoup de temps dans le musée Rodin (en particulier ses jardins) où l’on trouvait des oeuvres de Camille Claudel à coté de celles de Rodin. Il y a bien sûr eu le livre d’Anne Delbée (84)  puis le film avec Isabelle Adjani (88). Et puis maintenant l’exposition Camille Claudel au Musée de la Piscine à Roubaix (mon musée préféré que j’aime d’amour comme vous avez pu le deviner). Comment la louper ? Et tout autour des événements… Les cours de l’Ecole du Louvre (très enrichissants), des visites… et des spectacle et surtout un spectacle :

Du rêve que fut ma vie par la compagnie Les Anges du Plafond

Du rêve que fut ma vie- Photo : Vincent Muteau

Du rêve que fut ma vie- Photo : Vincent Muteau

Deux filles sur scène : une contrebassiste et une actrice. Une autre aux lumières. Les textes : des lettres écrites par Camille Claudel ou qui lui étaient destinées. Et puis la magie opère : avec du papier, des lumières, les costumes, la contrebasse pour représenter la pierre, le travail de la pierre (avec le son de la contrebasse), les oeuvres de Camille Claudel (la luminosité du marbre translucide de la petite Châtelaine, l’âge mur…), la folie, la déchéance…

Je résume : tu peux aller voir l’expo Camille Claudel au Musée de la Piscine jusqu’au 8 février 2015 pour le spectacle c’est trop tard mais en allant sur le site des Anges du Plafond tu devrais avoir plus d’info ou leurs dates de spectacles.

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