J’ai acheté la partition de la Messe en Si de Bach

Partition de la messe en si de BachJ’avoue, c’est assez con parce que je ne projette pas de la chanter juste de l’écouter…

Et puis…

Il y a Rixile…

Rixile qui sait mettre des mots sur la musique : pas des paroles sur des airs mais des mots sur les émotions de la musique. Rixile, je l’ai rencontrée sur Twitter. C’est avec ces messages de 140 caractères que nous avons échangé sur la musique, le piano, le choeur. Il y a pourtant d’autres twittos qui parlent de musique mais Rixile y met du coeur, sa sensibilité… Ses mots donnent vie à la musique comme Gepetto donne vie à Pinocchio. On a échangé sur tout, sur rien… sur la musique, sur la vie… Et puis on s’est rencontrées : la première fois à Paris où elle m’a aidé à choisir ma harpe dans ce magasin de harpe qui nous a fait le même effet que Honeyduke, le magasin de bonbons à Harry Potter. On a assisté à la naissance d’un piano qui fait de la haute voltige, une exposition qui a essayé de nous convaincre que la note des villes est le ré (mais elle est allée vérifier parce qu’elle est aussi Saint Thomas que moi). Elle m’a fait découvrir son Toulouse.

Son Toulouse et son « passe ton Bach »…

Elle a mis des mots sur l’événement l’année dernière, elle m’a fait saliver et rêver d’être plus proche de Toulouse avec ces dominos, ces spectacles festifs qui rendent la vie à la musique dite classique. Alors j’ai promis : en 2015, je viendrai… et j’ai pris mes billets d’avion et Rixile m’a raconté les répétitions de sa messe en si. Avec ses mots, elle a réussi à me donner envie de la partition, des émotions de la musique. Sans l’avoir encore écoutée…

J’ai acheté la partition de la Messe en Si de Bach…

Pourtant je n’ai toujours pas écouté la messe en si. Je dois connaitre, comme on connait les « tubes du classique » :  je vais découvrir ça dans quelques heures mais je prends le temps, je savoure l’attente.

Je ne suis pas de ceux qui entendent la musique en lisant la partition : j’ai besoin d’entendre avant de travailler une partition que ce soit en chant ou à la harpe.

Je n’ai pas d’ambition musicale juste envie de prendre du plaisir et de découvrir.

J’ai pris un plaisir fou en recevant la partition de la Messe en Si de Bach

Je l’ai trouvée dans ma boite au lettre ce soir en rentrant de Paris. J’avais d’autres chats à fouetter nourrir… Mais j’ai ouvert l’enveloppe.

Ma première réaction a été « C’est ENORME » : plus de 200 pages (je ne vous parle pas du conducteur avec tout l’orchestre mais juste de la partition de choeur). Ceux qui savent comprendront, pour les autres… c’est énorme.

Et puis, je l’ai feuilletée. Je suis tombée sous le charme. Je n’ai toujours pas entendu la musique en regardant les notes. Mais j’ai vu une construction : les voix qui se complètent et se répondent. Une partie développée pour les sopranos 2 (et comme je suis sop 2, j’y suis sensible). J’ai lu entre les lignes des portées le travail nécessaire pour y arriver même si l’écriture est logique donc plus facile à chanter que la p… de Grande Messe de Schubert qui est écrite en dépit du bon sens. C’est énorme…

J’ai hâte de savourer la première écoute d’un CD, de travailler la partition – pour rien, pour voir, pour le plaisir -, d’aller l’écouter à Toulouse interprétée par l’Ensemble Baroque de Toulouse.

Hâte mais souhaitant que cette attente dure toujours.

 

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Conservatismes

Gustavo Dudamel à la Philharmonie

Gustavo Dudamel à la Philharmonie

J’aime la culture et les arts : mais j’aime vraiment, je kiffe ma race. C’est pas juste pour être sur la photo mais c’est un vrai plaisir.

J’aime les musées, la musique classique, l’opéra mais vraiment, d’amour, de kif, de vie, de pulse… pas parce que ça fait bien.

Mais, souvent, je me trouve face ou dans un public compassé, avec des règles, des normes (faut pas faire n’importe quoi voyons !).

Ce n’est pas un hasard si on parle de conservatoire pour les lieux où l’on apprend la musique ; de conservateurs pour les gens en charge de nos musées; de musique classique en opposition à la musique vivante. Et là, tu sens sur toit toute la chappe du Savoir… Ca donne pas envie d’aller s’éclater dans ces lieux. Ca ne se fait pas, voyons.

Les exemples sont nombreux :

  • la différence entre chanter dans un choeur belge et un choeur français : en Belgique, pas de drame ni de supériorité, chanteurs, musiciens, solistes et chef font tous partie de la même aventure…  avec le sourire
  • les amis des musées qui tournent leur nez délicat face à des artistes atypiques
  • les journalistes culturels qui tirent la tronche parce que la nouvelle salle du classique les oblige à fréquenter des quartiers populaires (quelle vulgarité !) article du Point sur le Philharmonie
  • les « professionnels » de la musiques qui s’insurgent sur les musiciens « amateurs »
  • les spectateurs « experts » et interprètes de musique classique qui méprisent les gens qui n’applaudissent pas au bon endroit…

Je dois en oublier malheureusement…

Et pourtant, il y a tellement de belles choses qui ont lieu dans la culture, je ne vous parlerai que de mes expériences :

  • Dudamel à la Philharmonie qui fait se lever une salle entière tellement sa musique est vivante même si elle reste classique
  • la Philharmonie dont les places ne sont pas si chères (j’ai payé 40 euros pour une place et un spectacle d’un orchestre de plus de 100 musiciens) et où l’acoustique est magique (même s’il est vrai que l’extérieur non fini gâche une partie du plaisir à l’arrivée)
  • « el sistema » le système d’éducationj musicale qui, au Vénézuela, met un instrument de musique dans les mains des enfants les plus défavorisés et qui crée les Dudamel et autre musiciens de talents qui sourient quand ils jouent leur musique
  • l’artiste de génie venue de nulle part qui n’est absolument pas sure d’elle et qui m’arracherait la tête de la nommer artiste mais crée des oeuvres qui touchent aussi bien les amateurs éclairés que ceux qui n’ont pas profité d’une éducation artistique
  • le Conservatoire belge qui crée un spectacle magique avec TOUS les élèves et pas seulement avec les stars
  • ces opéras magiques et pas du tout intellos ni guindés à l’Opéra de Lille achetés à la dernière minute pour des prix dérisoires
  • tous mes kifs dans des musées, des spectacles mais aussi les spectacles que tout le monde aimait et qui me gavaient profondément…

Si on libérait la culture, les arts, les spectacles, les spectateurs et les amateurs ?  Se libérer des carcans, ouvrir des possibles pas seulement dans les arts mais dans la vie à tous et surtout aux plus déshérités. Rêver…

 

 

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Une belle histoire

Dudamel à la Philharmonie

Dudamel à la Philharmonie

Le week-end dernier j’ai eu la chance de voir Gustavo Dudamel avec son orchestre vénézuélien dans cette magnifique salle qu’est la Philharmonie. Un chef jeune et dynamique qui insuffle de la vie dans cette musique dite classique ou savante. Des musiciens et un chef pleins de vie bien loin des archétypes européens du musicien blasé qui est là pour faire ses heures. Un son à la fois rond et doux (grâce en particulier aux pupitres de contre-basses et altis particulièrement fournis) et ciselé dans lequel ressort chaque instrument, chaque note, chaque trait. Une salle magnifique qui permet au spectateur de plonger dans le son et l’orchestre : nous étions placés face au chef ce qui m’a encore plus réjouit . Noël le 25 janvier.

Vous allez me dire : t’as de la chance ! Oui mais pas que… loin de là.

Reprenons au début… Aucune culture musicale ou presque… Pas d’école de musique tout juste la fanfare municipale pour me donner quelques bases de solfège mais pas le goût de la musique, loin de là.

Et puis il y a eu le piano à 30 ans, le chant un peu plus tard puis la harpe à 46 ans…. Tout cela élargissant ma culture musicale et ouvrant mes oreilles au fur et à mesure. Avec des découvertes, et parmi ces découvertes, entendre à la radio une symphonie de Beethoven qui, pour une fois, me transporte. Elle me transporte tellement que je recherche le chef d’orchestre (c’était avant ma passion dévorante pour les chefs qu’ils soient d’orchestre ou de choeur) : je découvre Gustavo Dudamel (j’oublie son nom assez vite mais il reste dans une case de ma mémoire). Je découvre aussi El Sistema, ce système d’éducation musicale ouvert à tous au Vénézuela et ses résultats étonnants.

Je continue à me cultiver, à aimer ou ne pas aimer ce que je vois/entends, à aller voir des choses que je ne connais pas…

En parallèle, j’utilise les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) pour partager ma découverte de la musique : je crée un réseau qui me fait rencontrer des musiciens ou des amateurs, je partage des informations, mes #ChefsDOrchestre du jour

Et puis, il y a l’ouverture de la Philharmonie, cette sublime salle dédiée au son. je découvre trop tard la programmation de Dudamel…  Je chouine un peu (en vrai beaucoup). Je regarde et commente le premier concert de Dudamel en direct sur internet. Et puis, bim, soudain quelqu’un propose une place pour le concert du lendemain du même Dudamel. Je n’aurais pas fait les étapes précédentes, j’aurais peut être vu la place passer sans savoir le diamant de cette offre ; je n’aurais peut être pas vu l’offre passer ; cette personne ne me l’aurait peut être pas proposée… Et la deuxième chose est que je dis oui : qu’importe les 5 h de route à faire, les frais, le coup de tête, la personne que je ne connais pas (sera-t-il là, comment sera-t-il… ) je fonce et je m’organise.

En conclusion, un week-end magique grâce à l’orchestre, à mon compagnon de spectacle qui m’a même fait visiter les coulisses (je n’avais que quelques pas à faire pour aller embrasser Gustavo mais je suis timide) et à des covoiturés très sympas), pas si cher que ça (moins de 50 euros transport compris pour un spectacle de cette qualité).

Vous voulez avoir la même chance : cultivez votre passion (jardinage, bricolage, peinture…), soyez curieux, partagez (dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux), osez, foncez, n’hésitez pas. Vous verrez ça marche. J’ai plein d’histoires comme ça qui éclairent ma vie.

 

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C’est presque de la musique, plus que de la musique

Mes deux découvertes de cette semaine sont en lien avec la musique mais ne sont pas (que) de la musique même si j’ai entendu de la musique en les regardant/lisant.

Ces deux ouvrages vous feront pénétrer (un peu) dans le mystère de la musique. Quand vous faites de la musique avec un instrument ou votre voix, vous découvrez la technique de l’instrument (et de la voix aussi, oui c’est technique le chant) mais aussi le mystère de la musique, la magie du groupe et du chef… Vous vous laissez aussi pénétrer par la musique qui joue dans votre tête même quand le son est éteint. C’est ce que vous pourrez effleurer avec :

mozart-jungle-gael-garciaMozart in the jungle

Cette série se passe dans un orchestre new-yorkais. Ce n’est pas avec cette oeuvre que vous découvrirez le travail du chef d’orchestre et de son orchestre. Le discours reste assez superficiel (c’est une série pas un documentaire ni un film d’auteur). Par contre, les relations entre les musiciens et la direction, le fonctionnement de l’orchestre proche de celui d’une entreprise, des personnages attachants (la première qui me dit qu’elle ne s’est pas identifiée à la petite hautboïste et n’est pas tombé amoureuse du chef me lance la première pierre) font le sel de la série. Au risque de faire fuir certains (ou d’en attirer d’autres), je comparerais cette série à Grey’s anatomy dans un orchestre. Rajoutez à cela une bande son variée et de qualité. J’ai adoré, avalé les 10 épisodes (qui durent seulement 30 minutes chacun) en trop peu de temps et maintenant je trépigne en attendant/espérant la saison 2.

 

cvt_Gil_9885Gil de Cécile Houdart

Le livre de Cécile Houdart nous amène dans la vie (dans la peau, dans la tête) de Gil, d’abord pianiste puis chanteur. Ici vous rentrerez plus dans le détail du travail du musicien/chanteur.  Vous entendrez de la musique en lisant les mots : enfin moi j’ai entendu des mots dans ma tête, me revoyant lire et relire mes partitions encore et encore. Vous découvrirez l’importance du corps pour le pianiste et le chanteur, les mystères de l’intention et de l’interprétation… Par contre, j’ai eu une forte sensation d’inachevé, d’une fin comme en suspens. Peut-être volontaire pour faire ressentir la bulle de l’artiste… je ne sais pas…. Vous me direz quand vous l’aurez lu ?

 

 

 

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Du rêve que fut ma vie

Exposition Camille Claudel 1984

Exposition Camille Claudel 1984

Vous n’êtes pas sans savoir que j’aime les musées et les expositions, que j’ai eu le coup de foudre pour Camille Claudel bien avant qu’elle fut à la mode. Petite, j’avais une affiche d’un exposition  de Camille Claudel à côté du poster de Gérard Philipe (je viens de vérifier, l’expo date de 1984 : mais où l’avais-je dénichée ? De mon premier voyage à Paris ?). Etudiante à Paris, je passais beaucoup de temps dans le musée Rodin (en particulier ses jardins) où l’on trouvait des oeuvres de Camille Claudel à coté de celles de Rodin. Il y a bien sûr eu le livre d’Anne Delbée (84)  puis le film avec Isabelle Adjani (88). Et puis maintenant l’exposition Camille Claudel au Musée de la Piscine à Roubaix (mon musée préféré que j’aime d’amour comme vous avez pu le deviner). Comment la louper ? Et tout autour des événements… Les cours de l’Ecole du Louvre (très enrichissants), des visites… et des spectacle et surtout un spectacle :

Du rêve que fut ma vie par la compagnie Les Anges du Plafond

Du rêve que fut ma vie- Photo : Vincent Muteau

Du rêve que fut ma vie- Photo : Vincent Muteau

Deux filles sur scène : une contrebassiste et une actrice. Une autre aux lumières. Les textes : des lettres écrites par Camille Claudel ou qui lui étaient destinées. Et puis la magie opère : avec du papier, des lumières, les costumes, la contrebasse pour représenter la pierre, le travail de la pierre (avec le son de la contrebasse), les oeuvres de Camille Claudel (la luminosité du marbre translucide de la petite Châtelaine, l’âge mur…), la folie, la déchéance…

Je résume : tu peux aller voir l’expo Camille Claudel au Musée de la Piscine jusqu’au 8 février 2015 pour le spectacle c’est trop tard mais en allant sur le site des Anges du Plafond tu devrais avoir plus d’info ou leurs dates de spectacles.

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A kind of magic

Les Cris de Paris au Louvre Lens

Les Cris de Paris au Louvre Lens

C’était au Louvre-Lens. C’était un peu au hasard, sur la foi de quelques lignes d’un programme : 40 voix spatialisées. Un choeur dont je n’avais jamais entendu parler : Les Cris de Paris. On suit son intuition, on ya va (mais on ne demande à personne de nous accompagner, on ne sait pas ce qu’on va voir.

En attendant, on lit le programme et ô divine surprise une oeuvre à 40 voix : j’avais déjà entendu une messe à 40 voix, une nuit d’insomnie sur France 2 ce qui m’avait laissée perplexe (l’oeuvre pas l’insomnie). Ici deux oeuvres à 40 voix (une de Thomas Tallis 16° siècle et une autre d’un compositeur contemporain) pour… 40 chanteurs… Pas intérêt d’être malade dans ce choeur.

Entrée dans la salle, les chaises sont installées au centre de la salle, se faisant face donc personne ne fait face aux chanteurs qui nous entourent. Impossible aussi de mater le chef, mon sport préféré. Le chef sera filmé et les chanteurs pourront le suivre sur des écrans vidéos disséminés dans la salle.

Des chanteurs exceptionnels. Nul besoin du dispositif électronique dont sont dotés les chanteurs d’Equilbey, mais les diapasons sont largement utilisés par chaque chanteur. Une occasion unique pour vibrer et entendre des harmoniques (en particulier dans une pièce contemporaine de Anders Hillborg). Les voix sont tellement en résonance que même s’ils sont disséminés dans la salle vous entendez un ensemble et les voix complémentaires créées par les harmoniques. Un délice pour les oreilles et même plus : une sorte de massage par le son.

Visuellement, l’objectif de la mise en scène est d’oublier de regarder pour se concentrer sur l’écoute. Je dois avouer que même si je comprends l’idée, je suis un peu frustrée.

Et encore plus frustrée de ne pas voir le Chef de choeur. Là aussi, la démarche est très intéressante. Contrairement à la tendance actuelle, le chef se met complètement en retrait : j’ai quand même pu le regarder un peu diriger, le geste est sobre ; pendant le salut, le chef en noir se confond avec les chanteurs… Une modestie rafraichissante même si je reste convaincue de l’importance du chef dans l’interprétation d’une oeuvre.

Un moment magique est, comme il se doit, difficile à décrire, alors la prochaine fois que vous voyez une affiche des Cris de Paris, allez y sans attendre que je vous le dise, vous m’y trouverez sûrement.

 

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