Le paradoxe de la soprano

A Travers Chants 2009Préambule :  je parle ici de la choriste soprano (quoique certains de ces points s’applique sûrement aux solistes).

Préambule 2 : gardez en mémoire en lisant cet article que je suis soprano (d’accord, j’ai une excuse, je suis soprano 2, la plus grave des soprani).

D’abord, il faut que je vous avoue que les caricatures qui courent sur les chanteurs ont souvent un fond (voire un gros fond) de vérité : les soprani et les tenors un peu imbus de leur personne ; les alti et les basses ayant du mal à s’imposer, donner de la voix…

La soprano de choeur est intimement persuadée de sa supériorité : elle « sort » les notes les plus hautes et sans elles, il n’y aurait pas de mélodie. Oui mais…

Si vous parvenez à chanter des notes aigües, c’est parce que Mère Nature vous a doté de cette tessiture (parfois grâce à un peu de travail aussi mais même beaucoup de travail ne transforme pas une alto en soprano). Donc chanter un la aigu n’est pas un exploit.

Donc pourquoi toutes les filles ou presque se rêvent et se déclarent soprano alors qu’elles montent moins haut que moi petite soprano 2 de base ?

  • parce que c’est le rôle « star » : ce sont elles qui chantent la mélodie donc que l’on entend et qui brillent sous le feu des projecteurs (que c’est bon pour l’ego). J’ai même entendu une chef dire « tant que tu n’as pas chanté soprano, tu ne comprends pas le plaisir de chanter » (sic – elle était soprano bien sûr). Heureusement, j’ai aussi vu des chefs manifester leur penchant certain pour les altis.
  • et puis parce que… (je sens qu’ici je vais en énerver plus d’unes)… ben c’est plus facile : les soprani ont la mélodie la plupart du temps. Vous pouvez tranquillement apprendre la voix de soprano sur la base de l’enregistrement complet de l’oeuvre. Essayez de faire apprendre une voix intermédiaire à des soprani pour rigoler un peu (je sais, je suis sadique). Combien de soprani j’ai entendu dire « ah ben non c’est trop compliqué la voix de soprano 2, je vais chanter la voix de soprano 1 ! »

Je rappellerai donc à mes amies soprani qui se vexent dès que le chef s’occupe plus des autres pupitres que notre partie (les soprani 2 chantent 80% du temps comme les soprani 1)  est beaucoup plus facile à apprendre ; aux chefs, qu’ils ont le droit de valoriser les autres voix et de faire le ménage dans le pupitre de soprani pour éviter les couacs désagréables.

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Avec ou sans partition ?

Eternel problème : c’est tentant de faire chanter un choeur sans partition. Comme ça, il sera obligé de regarder le Chef, il sera plus réactif. Bonne idée ou fausse bonne idée ?

(Note : je vous parle ici des choeurs d’amateurs de musique dite « classique » ce qui suit n’est sûrement pas valable pour des gens habitués à la variété ou au jazz ou à des chanteurs ayant une formation musicale)

  • Apprendre une partition par coeur est compliqué pour des amateurs.

Je ne vous parle pas de mon cas qui est irrécupérable : j’ai une mémoire de poisson rouge. Je retiens les partitions façon puzzle : je connais chaque morceau mais suis totalement capable de les chanter dans le désordre le plus complet. /o\

Pour parler de la majorité des choristes, il faut voir le choriste amateur comme un nouveau conducteur qui a des difficultés à faire toutes les manoeuvres en même temps pour conduire sa voiture car il n’a pas encore acquis d’automatisme. Apprendre par choeur une partition, ça veut dire apprendre les textes ET la musique ET les indications du chef (notées avec amour lors des répétitions). Je connais certains chanteurs amateurs qui sont capables de restituer un air voire une note après les avoir entendus. Je les admire, ils ne sont pas la majorité des choeurs. C’est difficile.

  • Apprendre par coeur demande du temps.

Comme pour le jeune conducteur, il faut du temps – personnel et de répétition – pour retenir tous ces éléments.

  • Apprendre par coeur demande du travail.

Et ça, on se rend malheureusement vite compte que le choriste amateur a du mal à travailler pour son loisir même quand les règles sont fixées clairement dès le début.

  • La partition rassure le choriste.

Un peu comme un doudou (pardon). Quand on travaille une partition longuement, il est exact qu’on la connait donc elle devient moins utile mais elle rassure. Un coup d’oeil aux notes permet de se rassurer, d’être sûr de là où l’on n’est, de se rappeler de la prochaine attaque… Enlever la partition va fragiliser le choeur si cela n’est pas préparé.

  • Sans partition, le chef devient la seule bouée de sauvetage.

Comme je le disais précédemment, enlever la partition fragilise le choeur. La seule façon de compenser est l’apprentissage et surtout, seulement , le jour du concert, le chef. Pour cela, la confiance est un élément clé mais comme pour le Petit Prince avec le renard, la confiance se construit jour après jour. Et elle se construit aussi par les actes. Le chef doit comprendre – dans le sens prendre avec – les difficultés, craintes et faiblesses du choeur : être présent, donner des indications claires et précises, rappeler les attaques en amont… Quand ça marche, c’est magique. Quand ça ne marche pas, ça peut faire mal au choeur et au chef.

 Alors vous pouvez demander à un choeur de chanter sans partition mais prenez des précautions : c’est fragile un choeur <3

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Nouvelle rubrique : en choeur

Partitions de choeurArticle difficile à écrire : il y a tellement de choses à partager qui se bousculent dans mes doigts.

Pourquoi choeur et pas chant ?

Parce qu’il s’agira ici de MA pratique et que je partagerai (ou essayerai de partager) avec vous des bouts de choeur. Le chant fait bien sûr partie intégrante de la pratique du choriste mais pas que…

Je suis choriste depuis plus de 10 ans. J’ai commencé tard (à plus de 30 ans), sans formation musicale (un peu de solfège mais si peu, une pratique très amateur du piano). Sans talent particulier non plus mais avec beaucoup de travail et de persévérance (je reviendrai sûrement sur ce point bientôt et souvent). Sans ambition de devenir une vedette non plus. Juste comme ça : il y avait de la lumière, je suis rentrée… C’était à Hem à deux pas de mon chez moi d’alors. Je vous expliquerai peut-être un jour ce qui m’a poussée à pousser la porte.

J’ai progressé dans ma pratique de choriste grâce à mes rencontres, à des rencontres avec des chefs mais aussi, il serait mentir de le taire, une recherche et une évolution personnelles.

Cette année est une année riche en terme  de projets à mener à bien avec mes différents choeurs : c’est sûrement ce qui m’a amené à partager avec vous ce parcours et ce bonheur malgré les peurs, le trac et le travail (ou à cause de tout cela). Vous trouverez ici mon ressenti, mon analyse, mes coups de c(h)oeur, mes expériences de choriste.

Venez c’est ici, lisez, commentez, partagez votre expérience… c’est table ouverte.

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